ExoMultiply

21 avril 2006

Huis clos et Hors champ


Imaginons que nous sommes dans le désert, ca fait trois jours ou une semaine (ou plus) qu'on n'a plus vu personne... juste le vent pour seul "décor sonore"...
Comme si on se souvenait à peine de toutes les voix, l'agitation humaine, les bruits des avions ou des télévisions, etc.
Dans ce désert, on est dans une atmosphère pure, naturelle...
Puis... brisant cette sensation de paix et de vide... une jeep passe, la sono à fond, on entend la musique de loin, on voit la poussière de loin, les hommes arrivent... et ce sont des Occidentaux...
La poussière est de plus en plus envahissante, et la sono de plus en plus forte, on distingue plus clairement la musique qu'ils écoutent... ils se rapprochent du point où nous nous tenons...
Puis, après s'être arrêté un peu à notre niveau, ils poursuivent leur route...

Pour un nomade, pour un homme bleu, qui n'aurait jamais vu d'homme blanc ni de culture occidentale (ni de voiture), ce serait comme une scène surréaliste, un rêve ou une hallucination...

Dans cette scène on observe au moins trois choses :

  • une ambiance générale où le silence prédomine...
  • puis des interventions de choses artificielles extremement structurées (l'engin, le bruit de son moteur, la musique, le langage des gens qui sont dans la jeep)...
  • et les effets que ca produit sur le décor silencieux général : la production de la poussière (à l'instar du nuage de bruit et de musique, il y a ce nuage visuel), la cessation du silence et de la paix qu'on éprouvait, etc.

Donc, on pourrait dire qu'il y a une "base minimaliste" (le désert, son silence et l'atmosphère qui s'en dégage) à partir de laquelle des "interventions très structurées" peuvent apparaitre et disparaitre...
Des interventions qui sont alors comme des compositions, des arrangements de choses artificielles... qu'on appelle "chanson" ou "musique" en langage courant...

Ca voudrait dire que... il y aurait des éléments complexes (des compositions, des "titres", des morceaux) qu'il faudra créer mais qu'on traitera comme si c'était des bruits de fonds qui apparaissent et disparaissent plus ou moins rapidement... on ferait apparaitre des compositions comme si c'était un bruit qui passe... ou quelque chose comme ca...

On pourrait aussi envisager la chose à l'inverse :
Dès le départ, nous avons affaire aux bruits, à la musique, aux langages complexes des hommes...
Où est la base minimaliste ici ? Et bien, tant qu'on est dans le bruit, on est incapable de trouver cette base... de la même manière on pourrait dire que c'est un huis clos, et que tant qu'on ne nous donne pas certains "hors champ", on ne peut pas dire dans quel contexte ce huis clos a lieu...
Donc il faut quelque chose, un événement, pour nous redonner la base minimaliste... on peut imaginer qu'une tempête de sable se lève... et là on comprend alors qu'il s'agissait d'un campement d'Occidentaux, dans ce même désert...
Si la tempête emporte tout... il ne restera pas grand chose de ce bruit initial... peut-etre que les survivants feront encore du bruit, mais la base minimaliste aura repris le dessus...

Pour moi, ce jeu entre la "base minimaliste" et les "interventions sporadiques"... c'est le même jeu que celui entre l'intérieur et l'extérieur (dans le texte que j'ai rangé sous "cartographie noétique")...


C'est théorique pour l'instant, mais c'est ce que j'ai dans la tronche...
Ca n'empeche pas qu'on peut envisager d'autres plans... d'autres manières...
J'essaie de donner une version que j'ai pu ressentir... pour l'instant...