Le texte original (nov. 2001)
Je tourne et tourne, et encore… en un élan festif…
Comme les Derviches ?
Ho oui ! comme les Derviches…
Mais pas aussi vite… sinon j’en souffre…
et puis je danse, et puis je hurle…
Je ris, je virevolte, et je pleure…
Je danse, je danse…
et c’est nu que mes sens s’offrent à la Quintessence…
Peau découverte aux regards modérés du vent,
lustrée… brillante à la lumière du Soleil.
C’est avec ma sueur que je contacte la Beauté,
au recours d’arts oubliés… néanmoins immortels…
Ils dansent, ils dansent, cabriolent…
ils font de moi leur parenté, me proposent à l’envol…
Le vent prend texture,
le Soleil des traits hérissés de fines sonorités…
L’odeur de leur Corps me parvient comme une douce tonalité…
Et puis tu danses, et puis tu hurles…
Tu ris, tu virevoltes, et tu pleures…
Larmes sur les souffrances,
rires sur leurs apparences… ;
L’infamie sur cette planète
ne serait que traitement vers la réconciliation ?
Juste là pour soigner… pour te soigner… toi…
de ton amertume, de tes malveillances… ?
Ou… juste là afin que vous parveniez tous au pardon…
tous…
afin que vous vous déchargiez d’une culpabilité sans nom…
Mais ne vous a-t-on pas soulagé de ce fardeau ?
Le pardon, ne vous l’a-t-on pas accordé
comme on accorde un instrument à vent… ?
Si vous ne vibrez de votre innocence retrouvée ;
l’accordée s’ignore virtuose…
Si vous ne vibrez de cette parenté,
c’est la symphonie que vous étouffez,
C’est la cacophonie que vous prolongez…
C’est de discordance dont vous vous enveloppez…
Et c’est comme de sombrer par de multiples trappes,
perpétuellement…
sans jamais trouver l’unique pièce dont le plancher ne pivote pas.
Je ris, je virevolte, et je pleure…
Alors je tourne et je tourne, et encore…
et encore… je pirouette sans cesse…
Aucun plancher sous moi, je danse dans l’herbe épaisse…
Oui, je danse… ma peau en sueur,
luisante sous la veloutée Lunaire… nu de tous…
Mes pieds sur les sables et les roches,
sur les neiges et sur les glaises…
C’est de mes plantes que se contacte la Beauté,
avec les signes d’une esthétique perdue…
mais à jamais défaits de mutité…
Ils dansent, ils dansent, ils se pressent contre moi.
Ils m’appellent de notre Nom unique…
ils chantent ; ‘tiens, mange, unis-toi’…
Leurs voix quittant leurs lèvres dessinent un Arc au Ciel
scintillant comme le diamant éternel.
Le Ciel se change en tapis de laine vierge
où mes sanglots viennent se blottir…
Nous chantons, nous rions, nous hurlons… jusqu’à fondre…
Les pères de mes pairs,
à travers les siècles,
avec nous dans le tonnerre
de nos cœurs qui cognent,
serrés les uns contre les autres…
Les prairies et les jungles avec nous,
les océans avec nous… dévêtus de leur mesure…
Nous savons tous ce que c’est que d’être pourchassés…
mais les saisons aux enfers de la chasse bientôt vont cesser…
Nous serons tous alors jusqu’au bout de la nuit étoilée…
Je tourne et tourne, et encore…
et verse des larmes d’Apaches en files indiennes sans fin…
Cet évidement puissant, trop puissant,
qui n’a de cesse de me dégorger comme vieux loup hurlant,
me renvoie à ne plus être…
qu’une variation de timbre dans le chant sacré du muezzin ;
une pure différence sensible qui porte jusqu’à l’idée de l’Unique
et de la manifestation de sa toute puissance…
Je tourne et danse…
Et du haut perché de leur finesse,
fredonne l’harmonique douce des sages de l’Afrique…
Résonnent les yidaki profonds nés pour la Terre.
Et par les mers chaleureuses des hassidim,
je tourne et tourne, et encore…
jusqu’à devenir le vrombissement permanent
des complaintes tibétaines…
comme un tracé pur et lumineux, profilant la Vacuité souveraine,
fait de poussières pigmentées déjà sublimées…
…J’irai marcher sur les terres saintes de tous les continents…
mes pieds laveront le sang et les larmes qui les ont tant souillées…
Je ris, je virevolte, et je pleure…
Alors je danse, je danse, je danse…
et mes mains invitent les tiennes…
Mon regard, mon cœur et mon corps tout entier
convoquent ta Beauté,
de cet Art oublié… mais dont l’écho à jamais demeure…
Que nous chantions, que nous rions… jusqu’à fondre…
avant que les Guerres ne nous fassent moudre…
avant que le chaos n’envahisse nos peuples
et que le cauchemar ne close à jamais les yeux de nos enfants…
afin que les Armes de la Séparation ne nous fassent plus jamais périr.
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