ExoMultiply

04 mars 2006

Le texte original (fév. 2006)

Je tourne et tourne, et encore… en un élan festif…
et puis je danse, et puis je hurle…
Je ris, je virevolte, et je pleure…

Je danse, je danse…
C’est avec ma sueur que je contacte la Beauté,
au recours d’arts oubliés… néanmoins immortels…

Oui, je danse…
ma peau luisante sous la veloutée Lunaire… nu de tous…
Mes pieds sur les sables et les roches,
sur les neiges et sur les glaises…

Et puis tu danses, et puis tu hurles…
Tu ris, tu virevoltes, et tu pleures…

Les pères de mes pairs,
à travers les siècles,
avec nous dans le tonnerre
de nos cœurs qui cognent,
serrés les uns contre les autres…
Les prairies et les jungles avec nous,
les océans avec nous…
dévêtus de leur mesure…
Ils dansent, ils dansent, cabriolent…
Ils se pressent contre moi.
Ils m’appellent de notre Nom unique…
ils font de moi leur parenté
ils me proposent à l’envol…
et chantent ; ‘tiens, mange, unis-toi’…
Leurs voix dessinent un Arc au Ciel
scintillant comme le diamant éternel.

Nous savons tous ce que c’est que d’être pourchassés…
mais les saisons aux enfers de la chasse bientôt vont cesser…
Nous serons tous alors jusqu’au bout de la nuit étoilée…

Tout sur cette planète
ne serait que traitement vers la réconciliation ?
Juste là pour soigner… pour te soigner… toi… ?
Mais le pardon, ne nous l’a-t-on pas accordé
comme on accorde un instrument à vent… ?

Si nous ne vibrons de notre innocence retrouvée ;
l’accordée s’ignore virtuose…
Si nous ne vibrons de cette parenté,
c’est la symphonie que nous étouffons,
C’est la cacophonie que nous prolongeons…
C’est de discordance dont nous nous enveloppons…

Une issue dans l'impossible et l'impensable :
la braise de nos pas posés
illuminent notre marche…
Nous en retournant à l’Enfant
désormais il nous proclame en son Refuge,
ancrés ainsi en l’UN
où leurs haches échouent sans cible
devant une goutte d’indestructible
L’amour s’est mué en déferlement
que rien ne pourrait contraindre
Eclatant de transparence
son corps de feu véhicule le Sans-Limite
et annonce la mort des obstacles…
la dissolution de toutes les frontières
et de toutes les formes
Le coeur Authentique de l’Enfant pur
marche d’un pas ferme
et relève le peuple
vers la Libération définitive
Alors je ris, je virevolte, et je pleure…

Alors je tourne et je tourne, et encore…
et encore… je pirouette sans cesse…

Je tourne, je tourne…
Comme les Derviches ?
Ho oui ! comme les Derviches…
Je tourne et tourne, et encore…
et verse des larmes d’Apaches en files indiennes sans fin…
me renvoient à ne plus être…
qu’une variation de timbre dans le chant sacré du muezzin ;
une pure différence sensible qui porte jusqu’à l’idée de l’Unique
et de la manifestation de sa toute puissance…

Je tourne et danse…
Et du haut perché de leur finesse,
fredonne l’harmonique douce des sages de l’Afrique…
Résonnent les yidaki profonds nés pour la Terre.
Et par les mers chaleureuses des complaintes tibétaines…
comme un tracé pur et lumineux, profilant la Vacuité souveraine,
fait de poussières pigmentées déjà sublimées…

…J’irai marcher sur les terres saintes de tous les continents…
mes pieds laveront le sang et les larmes qui les ont tant souillées…

Je ris, je virevolte, et je pleure…

Alors je danse, je danse, je danse…
et mes mains invitent les tiennes…
Mon regard, mon cœur et mon corps tout entier
convoquent ta Beauté,
de cet Art oublié… mais dont l’écho à jamais demeure…

Que nous chantions, que nous rions… jusqu’à fondre…
afin que les Armes de la Séparation ne nous fassent plus jamais périr.